(partie de moi!!^^)
ATTENTION âme sensible s'abstenir...Un craquement sinistre. Le bruit d’un corps qui s’effondre. Le silence. Lourd, pesant, emplit de respect craintif.
Le Capitaine sentit un frisson lui parcourir l’échine. Ce précieux liquide carmin qui maculait maintenant le pont le rasséréna.
_ La grande cale. Tous.
Un gémissement affolé :
_ Pitié !
Une simple balle aurait suffi. Mais il prendrait le temps de les voir souffrir…et crever. Ils ne méritaient pas mieux.
_ Je n’ai pas de balles à gaspiller et encore moins d’argent.
Le regard glacé qu’il posa sur eux se porta bientôt sur El :
_ Dans quinze minutes. Dans ma cabine.
Un cœur qui ralentit, se calme, avant de poser la main sur la poignée de la porte menant à ses quartiers.
Une vision qui se trouble suite au subit changement de luminosité. Mais le pas reste assuré. Guidé par l’habitude il atteint sa vasque en cuivre travaillé où subsiste un fond d’eau.
Il enlève sa chemise et en déchire une bande propre qu’il plonge dans le précieux liquide. Les taches sur ses mains le narguent. Comme il est aisé de les effacer.
« Exactement comme la vie de leurs propriétaires. »
Propre, il enfile une chemise bordeaux. Un coup d’œil dans la glace lui rappelle la cause de sa récente agitation.
Un corps d’enfant caché par une grande chemise…
« déchirée »
Des yeux brillants de larmes contenues. Un bandage de fortune pense son bras…
« droit… »
Des marques de doigts, bleues autour de son cou. Des draps enserrés entre deux mains…
« tremblantes… du sang qui perle sur ses cuisses nues… Non ! Il ne peut pas s’en souvenir ! »
Un visage qui masque sa douleur avant de se retourner.
_ Alors ? La souris n’a pas apprécié le petit jeu d’après ce que j’ai pu voir.
* * * * *
[Wester’n Blue, sur le Kidd]
Un rire cristallin, étincelant sous le soleil et dont l’éclat trouve un écho dans les grandes voiles blanches du Kidd.
Un corps d’une souplesse toute enfantine qui galope d’un bord à l’autre tout en répondant aux élucubrations grotesques de ces gueux.
Des mains délicates qui s’agrippent aux durs cordages… une peau laiteuse déjà rougit par les rayons de ce traître qui la caresse…
_ Kid ! Il est l’heure du déjeuner. Va m’attendre dans la cabine je te prie.
Le jeune garçon s’était empressé de quitter son poste d’observation. La mer resplendissait ! Mais même si bienveillante, la voix de son grand-père gardait toujours le ton autoritaire d’un ancien Capitaine de la flotte royale de Retsa’n. L’enfant couru rejoindre la douce fraîcheur de ses quartiers. Un repas préparé par Lore’n n’attendait pas !
Le vieux capitaine contempla pendant quelques instants le pont de son bâtiment. Ses hommes travaillent bien. Ils avaient été triés sur le volet. Sur un signe de tête aux marins, il prit la direction de sa cabine. Non. Le repas attendrait bien un instant… Il gravit les quelques marches le séparant de la barre et posa une main sur l’épaule de son Second.
_ Belle journée pour un début de traversée.
_ Les hommes le prendront comme un bon présage.
_ Je n’en attendais pas moins !
Le Second avait le regard concentré, fixé sur l’horizon ondoyant.
Le vent gonflait les voiles. Le Capitaine ne pouvait s’empêcher de sourire.
_ Si le reste de votre équipée se déroule sous d’aussi bons auspices que ce qu’il en a été jusqu’à maintenant, il ne fait aucun doute sur la réussite de votre entreprise Sir.
Le Capitaine ferma les yeux.
_ Que le Quatorzième vous entende, murmura t-il, Quand vous aurez finit votre quart n’hésitez pas à nous rejoindre.
Le Second accepta l’invitation d’un signe du chef. Le Capitaine soupira en descendant les marches. La conversation houleuse qu’il avait eut avec sa belle-fille avant de partir lui fit serrer les poings. La voix joyeuse de son Kid le tira de ses sombres pensées.
« Je ferais bien de m’activer si je ne veux pas que Lore’n me fasse une scène ! »
* * * * *
[Sur l’Astrolabe, cabine du capitaine]
« Avis de tempête déclaré ! Ce vert… aussi profond que Wester’n Blue par gros temps, dirait un marin superstitieux. »
Le Capitaine esquissa un petit sourire. Décidemment cette gamine lui plaisait…et cette clef…
Le regard insistant du Capitaine incita Jade à remonter un peu plus le drap qui la cachait.
« Ah ! Et voilà qu’elle me prend pour un violeur ! »
_ Pourquoi es-tu sortie ?
« D’abord la déstabiliser. »
_ Tu es une fille intelligente à en juger par le temps qu’à mis mon Lieutenant à te trouver. Alors pourquoi t’es-tu échappée sachant que c’était sans espoir ?
D’abord déstabilisée par la question, Jade était complètement éberluée par le raisonnement du Pirate. Son assurance tenait de l’arrogance ! Avec un repas dans le ventre elle n’aurait eu aucun mal à s’enfuir !
_ Et au cas où tu y songerais, les canots de sauvetages ont été de conçus de sorte qu’il est impossible à moins de cinq personnes de les désarrimer.
Jade vit rouge.
_ Peut-être tout simplement pas instinct de survie ?! Vous savez, ce sentiment fondamental et profondément humain qui vous pousse à ne rien devoir à personne ?! Ah ! ...suis-je bête… C’est vrai…vous ne devez pas comprendre puisqu’il s’agit justement d’un sentiment humain !
Une bouffée de tendresse traversa le Capitaine : c’était son portrait craché.
Face au sourire de son interlocuteur, Jade explosa. Il se payait littéralement sa tête !
_ Parce que ça vous amuse de voir vos hommes violer une femme ?! Ah oui ! Quel beau spectacle ! Je ne doute pas que votre ego, si l’on peut encore parler d’ego, se trouve flatté par une telle démonstration de force animale ! Vous n’êtes qu’une bande de brutes, de bêtes en rut !
Les yeux de la jeune fille brillaient de larmes contenues…
_ Parce que tu es une femme ?
Qui roulèrent sur ses joues après cette dernière réflexion. Elle se sentait si faible, si inoffensive face à ce monstre écrasant de puissance… Et quelle puissance? Elle ne lui devait rien ! RIEN !
« Je te tuerais ! »
_ Tu es ici par ma volonté !
Ses yeux brillaient dangereusement.
_ Tu as été placé sous MA protection, et comment m’as-tu remercié ? En te sauvant de ta cellule !
Jade n’écoutait plus. Tout son être vibrait d’une envie meurtrière à peine contenue.
_ Tu es une petite ingrate ! Mais bientôt tu loueras ma clémence…
Un bourdonnement qui agace, pique, envenime la plaie à vif. Une seule envie, s’en débarrasser !
_ Bientôt tu remercieras le ciel d’appartenir au futur Seigneur de tous les pirates !
C’était une piqure de trop. Des mains fines qui s’agrippent, griffent. Des mains qui cherchent à tuer. Deux corps qui chutent. Les mains serrent, serrent, serrent toujours. Ce sourire, qu’il disparaisse de son visage !
_ Vous m’avez fait demander Cap’taine.
Deux regards qui s’affrontent. Un qui réalise, mais les mains refusent de lâcher prise. Un regard affolé contre un rictus amusé :
_ Entre.
El s’avance dans la pénombre, et se fige face à la scène qui s’offre à lui. Sans même avoir le temps de réagir, la sensation d’un métal froid contre sa gorge arrache à Jade un sursaut de surprise.
Glacé ! Le regard que le garçon posait sur elle la glaça jusqu’au plus profond de son être. Il n’avait absolument rien d’humain. Un seul geste et elle était morte.
« Oh ! J’avais presque oublié ce regard…toujours aussi efficace. » Songea le Capitaine au contact des mains tremblantes de Jade sur son cou.
Le sabre appuyait sur le cou de la jeune fille avec de plus en plus d’insistance.
_ El, c’est bon maintenant.
Une goutte carmine perla sur le tranchant de la lame. Jade voulait fermer les yeux de douleur mais le regard mortifiant d’El lui interdisait tout mouvement.
_ Lieutenant ! Arrêtez ça tout de suite ! S’exclama le Capitaine.
« Quel imbécile ! Combien de fois lui ai-je répété d’apprendre à se contrôler ! Il est en train de sombrer ! »
Du sang ruisselait le long de la gorge de Jade et tâchait sa chemise. La douleur lui brouillait la vue et elle ne pu retenir ses larmes. Le désert glacé qu’elle devinait derrière les prunelles turquoise de son agresseur la pétrifiait d’effroi…mais elle ne pu retenir un douloureux gémissement.
_ You stupid kid ! Stop it ! NOW!
Comme émergeant d’une profonde torpeur, El cligna des yeux et sembla enfin réaliser ce qu’il s’apprêtait à faire. Jade sentit instantanément la lame quitter son cou. N’en pouvant plus elle s’écroula sur le sol secouée des sanglots.
* * * * *
[Aster, taverne Caribe et Sylla]
_ Tavernier un autre verre à cet homme, c’est ma tournée !
Le nouveau bâtiment arrimé au spatio-port faisait sensation. Depuis son arrivée dans la brume naissante du petit matin, il en allait de bon train sur les passagers de cette exotique ville flottante et sur toute la cargaison qui ne cessait, encore maintenant, d’être déchargée.
_ Je lève mon verre à la terre ferme et aux belles femmes d’Aster !
Une ovation suivit l’exclamation. L’heure était aux réjouissances. La bière coulait à flots et la taverne résonnait des rires de ses clients.
Le propriétaire souriait : une belle recette en perspective ce soir ! Le fracas de la porte suspendit le temps.
« Pas si belle que ça finalement.» Ses yeux s’assombrir à la vue des nouveaux arrivants.
_ Sergent ! Que nous vaut ce plaisir ?
_ Eh bien… il faut croire que le charme irrésistible de ton établissement et la liesse populaire ma manquait…
_ Oh ! Il est vrai que l’austère et intègre réputation de ta garnison n’est plus à refaire…
_ Tout comme celle du « Caribe et Sylla »…
_ Quand vous en aurez finit avec les amabilités, vous serez gentil de bien vouloir dégager le passage !
Des chopes de bière plein les mains, une énergique brunette bousculait les deux importuns.
_ Je vois que la fille a hérité de la délicatesse de son père, lâcha le soldat, les yeux rieurs.
_ Non. De sa mère !
_ Et si tu servais notre hôte au lieu de jouer la commère!
Les yeux du sergent brillaient d’amusement devant la mine renfrognée du tenancier.
_ Effectivement… de sa mère. Souffla l’officier une fois attablé devant sa commande.
Un grognement lui répondit. Ils restèrent silencieux un moment.
_ Quelles sont les nouvelles ?
_ Vous n’êtes pas au courant ? Je pensais votre réseau plus efficace.
Un silence. Suivit d’un soupir.
_ Morts probablement. En tous cas disparus. Et une bonne partie des infrastructures avec.
Ils se turent. Puis dans un murmure :
_ Le Conseil ?
L’autre attendit un instant avant de répondre.
_ Si c’est le cas, on risque de se retrouver avec un bon nombre de pendus sur les bras.
_ Et leurs recherches… ?
_ Envolées ! Comme le reste…
_ Déjà deux attaques…et contre des organisations gouvernementales de surcroît…ou donc se place leur intérêt… ?
Le sergent haussa les épaules. Ils se perdirent dans l’ambre de leur boisson.
La violence avec laquelle la porte heurta le mur couvrit pendant un instant les éclats de rire.
_ Mais c’est une manie ce soir ! S’agaça le gérant.
_ Le Laboratoire D’Arya a explosé !
Un soupir échappa aux deux hommes.
* * * * *
[De retour sur l’Astrolabe]
Le sabre toujours en main, El semblait enfin reprendre contact avec la réalité. Il n’avait pas bougé. Même quand Jade s’était écroulée à ses pieds il n’avait pas esquissé un mouvement. Il semblait complètement figé jusqu’à ce que l’impacte de la main du Capitaine sur sa joue le fasse lâcher son arme dans sa chute.
Un filet de sang perla au coin de sa bouche meurtrie, bientôt effacé par un coup de langue instinctif. Pas un mouvement. Même le regard qu’il sent posé sur lui ne le fera pas lever la tête. C’est uniquement lorsqu’il se sent soulevé du sol et plaqué contre la cloison de bois que le jeune homme croise le regard noir de son Capitaine.
_ Petit imbécile ! Je te mets en garde et tu continues ?! Tu sais pourtant ce qu’il en coûte de désobéir aux ordres !
Des yeux aciers, aussi acérés que la lame qui gît un peu plus loin. El s’abîmait dans ce liquide en fusion qui le brulait de l’intérieur. Il ne sentait même pas la morsure des mains de l’homme qui le dominait et l’étranglait lentement.
_ Tu as tué un des hommes El. Même si l’Assemblée légitime ton geste, il est impardonnable. Et tu as tenté de récidiver il y a quelques instants. Tu voulais la tuer El. Et tu as faillit réussir.
Les mots résonnaient aux oreilles du jeune lieutenant. Ils s’abattaient sur lui comme des coups de tonnerre qu’il recevait, offert, complètement perdu dans cet univers gris orageux.
_ Tu sais ce qui t’attends El, et je ferais en sorte que cette fois tu t’en souviennes longtemps !
Une main qui appuie un peu plus fort. Des lèvres qui s’entrouvrent, cherchent à happer l’air qui vient à manquer. Un rythme cardiaque qui s’affole. Des mots chuchotés à une oreille attentive :
_ Tu es un véritable danger pour tous. Encore une erreur de ce genre et c’est moi qui te tue.
De l’air qui s’engouffre dans des poumons brûlants. Un corps qui s’effondre. Une respiration saccadée.
_ Dorénavant tu t’occuperas exclusivement d’elle. Poursuivit le Capitaine comme s’il ne s’était rien passé. Et il sera le seul autorisé à t’approcher termine t-il à l’intention de Jade, qui, toujours prostrée sur le sol avait suivit de loin la scène qui venait d’avoir lieu.
_ Debout Lieutenant. Il est l’heure de recevoir votre sanction. Et toi ma nouvelle beauté tu m’accompagnes.
L’ironie mordante du Capitaine redonna à Jade l’usage de sa langue.
_ Je n’appartiens à personne ! Et surtout pas à vous ! Répliqua-t-elle en tentant de se dégager. Mais l’homme raffermit sa poigne sur le bras de la jeune fille et l’attira violemment à lui.
_ Oh que si ! Et tu ne sais pas encore à quel point ! Mais vois le bon côté des choses, ça te fais un point commun de plus avec ton ‘’sauveur‘’ et futur geôlier… Lui susurra t-il à l’oreille. Maintenant tiens-toi tranquille et suis-moi.
* * * * *
La lumière d’abord aveuglante dévoila le bâtiment à Jade sous un tout nouveau jour. Tout en lui l’effrayait et elle ne s’y serait jamais plus aventurée seule. Mais l’ombre du Capitaine devant elle la cachait, lui accordant une sorte d’abris, de protection tacite. Perdue dans ses pensées elle se heurta au dos de l’homme qui s’était accoudé à la rambarde. Curieuse malgré tout, elle jeta un coup d’œil. Ils surplombaient tous deux le pont principal où l’équipage dans son intégralité s’était à l’évidence rassemblé. Un groupe d’hommes se tenait à l’écart.
_ Silence ! L’ordre tomba. Le silence se fit ; si nous sommes tous réunit, c’est pour statuer du sort du Lieutenant El. Je laisse à l’Assemblée le soin de rappeler les chefs d’accusation et de juger en conséquence.
C’était la phrase rituelle.
« Je la connaitrais presque par cœur ! » Ironisa intérieurement le jeune accusé.
Jade sentait un regard peser sur elle. Son air interloqué amusait beaucoup le Capitaine. Un homme lu :
_ Le Lieutenant El ici présent…
« Abrège ! On la connaît tous ! »
_ Est accusé d’homicide sur un des hommes d’équipage…
« Fait plus simple ! Y a la moitié des hommes qui ne comprennent pas de quoi tu parles imbécile ! »
_ Nous lui alléguons pour circonstances atténuantes qu’il a agit en accord avec ce que lui dictait son devoir.
« Tu parles ! »
_ L’assemblée a donc décidé que le Lieutenant El recevrait ici même et séance tenante le nombre de 39 coups de fouets.
« Je serais presque étonné d’en avoir si peu ! »
_ Je demande la parole.
De nouveau le silence. Jade elle-même sursauta au son de la voix du Capitaine.
_ Vous l’avez capitaine.
« J’me disais aussi ! »
_ En tant que maître de ce navire et tuteur dudit Lieutenant ; je souhaite que la punition de cet homme serve d’exemple pour tous. Il n’y a pas de favoritisme sur ce bâtiment. C’est pourquoi je demande l’utilisation d’un Chat à neuf queues.
La sentence était tombée et les marins eux-mêmes n’en revenaient pas. Le Cap’taine avait déjà plusieurs fois fait fouetter El, c’était même devenu un sujet de plaisanterie entre eux. Mais CA… c’était bien la première fois !
L’atmosphère devenait pesante. Mais personne n’osa prononcer un mot.
_ C’est d’accord.
Un sourire profondément ironique se dessina sur les traits d’El. Deux regards qui se croisent. Non ! Il n’aurait pas osé ?! L’humilier devant ses hommes ne lui suffisait-il pas ?! Il fallait aussi que cette garce soit là ?!
Tout sourire avait déserté le visage du jeune homme. Ah ! Il voulait jouer à cela ! Eh bien il ne serait pas déçu !
Toujours cachée derrière le dos de l’homme, Jade avait voulu observer la réaction de l’accusé. Ce qu’elle avait vu l’avait glacé d’effroi. Le même regard ! Celui qui l’avait paralysé… Son cœur battait à la chamade. Elle se recroquevilla dans l’ombre.
_ Comme je suis quelqu’un de magnanime je fais grâce au Lieutenant de 19 coups. Second, apportez nous Mon fouet.
Panic. Peur. Effroi. C’est d’abord ce que pu lire Jade sur le visage du Second, puis sur celui d’El et enfin sur celui de tous les hommes. Quand le second revînt, elle comprit.
El s’était laissé attacher au mât de misaine. Il ne prononcerait pas un son. Il ne lui ferait pas ce plaisir.
_ Vous pouvez commencer. Ordonna t-il au Second. Je veux que tu comptes chaque coup. Murmura t-il ensuite à Jade.
_ Un !
Jade retint son souffle.
Des lanières qui lacèrent une peau halée. Des lames qui s’enfoncent dans la chaire. Une mâchoire contractée à l’extrême sous la morsure cuisante du fouet. Non, il ne crierait pas.
_ Compte ! Répétait une voix à l’oreille de Jade.
_ Deux !
Le sang maculait déjà le dos du garçon. Jade était horrifiée. Mais elle n’arrivait pas à se détourner de ce spectacle macabre.
_ Compte te dis-je ! Plus fort ! La menaçait maintenant la voix.
Elle craqua.
_ T… trois…
Un goût métallique dans la bouche. Des joues déchirées par une rageuse envie d’hurler. Il tiendrait !
_ Qua… quatre…
Les pointes de métal fixées à l’arme heurtaient l’os à chaque coup. Au bout du cinquième, son corps ne répondait plus. Il ne pouvait s’empêcher de tirer sur les liens ! Il devait apaiser la douleur ! Par n’importe quel moyen ! Chercher à s’y soustraire ne servait à rien. Il le savait. Mais ses poignets ensanglantés ne cessaient de tirer sur la corde qui le soumettait à un tel calvaire. Il ne crierait pas ! Jamais !
_ Huit !
Il en était réduit à avaler son propre sang. Un voile tombait devant ses yeux. Un léger bourdonnement lui parvenait à travers le vacarme infernal des pulsions de son cœur qui lui martelaient le crane.
Il voulait hurler. Extérioriser ce trop plein d’horreur. Au lieu de quoi, il compensait l’insoutenable en s’infligeant d’autres blessures, toujours plus douloureuses.
_D…Dix… Balbutiait Jade les yeux plein d’horreur, toujours fixés sur la silhouette du condamné.
La moitié. Enfin. On ne distinguait pourtant déjà plus le dos au Lieutenant sous les trainées sanglantes et les plaies béantes que laissait le fouet. Ce spectacle lui donnait la nausée. Elle voulait fermer les yeux. Mais les sifflements et claquements du cuir sur cette chair en lambeaux la poursuivait. C’était…
Atroce ! Il fallait que cela cesse ! El n’en pouvait plus. Il devait ouvrir la bouche et crier. Crier pour que le calvaire prenne fin ! Non ! Non, il n’avait pas le droit ! Pas le droit de céder. Mais cette souffrance…Non ! Céder c’était lui donner raison ! Mais n’a-t-il pas raison ? Si, si. La punition est méritée. Il avait désobéit, mais il ne recommencerait plus ! Que ça s’arrête !
Des larmes trempaient le visage du jeune homme. L’eau mélangée au sang qu’il n’arrivait plus à avaler le défigurait complètement !
_ Dou…douze…
Un goût salé et métallique s‘infiltrait dans sa bouche. Jade eut un haut-le-cœur. Ses jambes ne la portaient plus Elles s’écroula aux pieds du Capitaine.
N…Non…Il ne devait pas ! Il devait tenir… Mais l’odeur du fluide vitale était trop forte. Toutes ses perceptions étaient brouillées. Il survivrait ! Pour lui prouver ! Mais il faisait sombre…et froid. La lumière. Un sourire triomphant… et des yeux… Des yeux… Noirs… Noirs et profonds. Il sombra.
[ L’Astrolabe, cabine du Second ]
_ Arrêtez ! Arrêtez !
Un réveil en sursaut. Une vague de douleur qui déferle et submerge un corps meurtrit.
_ Mais ça ne va pas de te lever comme ça ?!
...suite au prochain épisode XD
(bon...je suis aussi frustrée que vous pasque je ne sais absolument pas ce que Twiny va bien pouvoir trouvée pour continuer cette épopée...enfin si... j'ai bien qqs idées mais...XD)